
Nog steeds wordt hij, Léonard Misonne ( 1870-1943) gemakkelijk weggezet als de maker van mooie romantische prentjes, vergeleken met het werk van een schilder als Corot, de fotograaf die het licht en niets anders dan het licht in zijn werk wilde brengen, zelfs met eigen middelen via een creatieve filter of een experimenteel afdruksysteem.
Hij kwam uit een welstellende familie, erfde en kon zich levenslang toeleggen op zijn passie. Hij was een begaafd pianist, net zoals zijn acht kinderen allen uitstekende muzikanten zouden zijn.
Hij was na zijn huwelijk erg aan huis gebonden niet door de familiale bezigheden maar door een ernstige astma-aandoening.
Zijn werk is in alle grote en kleine musea over ter wereld aanwezig, en krijgt in deze tijd weer een bijzondere betekenis.

Misonne maakte diverse reizen door Zwitserland, Duitsland en Frankrijk. Hij maakte naam met zijn kunstzinnige lichteffecten. “Het onderwerp is niets”, zei hij eens, “licht is alles”. Misonne stond bekend om zijn gevoel voor atmosfeer, maar zijn benadering wordt vanuit artistiek oogpunt ook wel enigszins als conservatief en sentimenteel bestempeld. Zijn onscherpe, impressionistische benadering van de fotografie leverde hem de bijnaam “Corot van de foto” op.
Misonne werkte aanvankelijk vooral volgens het edeldrukprocedé en leerde in 1910 te Parijs van de bekende fotograaf Constant Puyo met het procedé van de pigmentfotografie (bromoliedruk) werken. Hij was toen inmiddels uitgegroeid tot een internationaal gewaardeerde exponent van het picturalisme en een bekende figuur in avantgardistische kringen. De meeste van zijn foto’s maakte hij in België en Nederland, veel landschappen, vaak aan de kust en in het bijzonder ook in de steden Brussel, Gent en Antwerpen. (wikipedia)


Ik vond een nogal breedsprakerig interview rond en met hem in ‘Photo-Magazine, Paris 1910 geschreven door Cyrille Ménard. Ik dacht dat deze teksten hem het best in zijn tijd benaderden waar de beelden ook weer in onze tijd meer dan alleen een esthetische betekenis krijgen.

Léonard Misonne est un timide; il photographiait depuis plusieurs années déjà mais sans avoir jamais songé à faire sortir ses images de l’intimité familiale, lorsqu’enfin en 1896 un de ses amis le décida à exposer pour la première fois à Bruxelles, où il fut, comme bien on pense, tout de suite très remarqué; bientôt après ce furent Lille, Berlin, Hambourg qui l’accueillirent avec faveur et, depuis lors, il est devenu un habitué des expositions et des publications photographiques, notamment de la grande Revue du Photo-Club de Paris qui lui demande deux beaux sujets d’Hiver en 1903 et 1905, un Dégel en 1907 et toute une série de brouillards, d’ornières et de nuages en 1908; en même temps l’ Epreuve Photographique le mettait à contribution avec de superbes contre-jour, parmi lesquels le Moulin et le Coucher de Soleil qui furent très admirés pour la magnificence de l’éclairage.

« De temps à autre, m’écrivait M. Misonne, mon existence monotone est coupée par quelques heures d’émotions: c’est une journée de beau temps, » c’est-à-dire une journée de brume ou de brouillard qui vient me secouer. Alors, je pars à quatre heures et même à trois heures en plein été, pour sortir de l’horrible pays que j’habite et assister au lever du soleil dans quelque coin sauvage. Je perds la tête et je gâche des plaques. Ce que ça coûte de plaques ces levers de soleil, c’est à n’y pas croire. C’est qu’il faut se dépêcher car le beau moment passe vite. Souvent à sept heures la journée est finie, tout devient sec, dur, cru, vulgaire; il n’y a plus qu’à rentrer chez soi, souvent, hélas ! Avec bien des regrets. Il faut si peu de chose pour qu’une journée soit perdue: il suffit que le troupeau ne passe pas par son chemin habituel, que la fermière ne veuille pas poser sans s’être attifée, que les faneurs ne veuillent pas patauger dans la rosée; un rien suffit pour anéantir les plus beaux et les plus savants projets.
Comme moyen de locomotion, si j’utilise presque toujours la bicyclette, c’est pour une raison toute spéciale; quand je me mets en route, il fait souvent un tel brouillard que les trains ne marchent pas et vous comprenez si cela m’impatiente d’être bloqué pendant une heure dans une gare et de manquer ma correspondance.


Pour les sujets, comme il vaut toujours mieux se spécialiser, je me suis cantonné dans les effets de matin et les contre-jour. Je le fais d’abord parce que ces sujets me semblent plus beaux, m’impressionnent davantage. Si j’étais peintre, je crois bien que je ferais de même et ne travaillerais pas en plein midi. En photographie, ce n’est pas seulement une question de goût, c’est, sinon une nécessité, du moins une grande utilité d’opérer dans ces conditions. Il y a quinze ans, le contre-jour passait pour un tour de force; on est moins timide aujourd’hui et, de fait, c’est le seul effet qui se rende bien en photographie. Tandis qu’une épreuve prise avec soleil au dos est fausse, pleine de déceptions, le contre-jour est d’une vérité saisissante et cela s’explique sans peine. Le contre-jour donne à la couleur un rôle accessoire, il accentue la forme, le contour, l’ombre et la lumière, pendant que la couleur disparaît ou presque. Regardez le soleil quand il est près de l’horizon: le paysage qui l’entoure devient à peu près monochrome.


Le contre-jour matinal est, à mon avis, une recette commode d’art ou tout au moins de réussite en photographie. Il a encore bien des avantages: la luminosité, la perspective aérienne, les fonds, l’enveloppe et. Par-dessus tout, l’ampleur. C’est donc une panacée qui remédie tout naturellement aux vices de l’objectif. Voilà sans doute pourquoi les objectifs anachromatiques ne m’ont jamais empêché de dormir et pourquoi je ne me suis jamais beaucoup inquiété d’en surcharger mon matériel de voyage; quant aux grandes ouvertures dont on prêche la nécessité pour laisser les arrières plans dans le vague, je me suis toujours dit: « Quelle maigre ressource à côté de la brume ! »

« Quels effets d’enveloppement donne parfois la rosée qui fume et couvre la prairie d’un imperceptible voile de tulle et les arbres d’un capuchon si moelleux que l’arbre lui-même semble se fondre et s’évaporer avec la rosée. C’est bien autre chose que l’anachromatisme! Quand on a vu ces effets, on ne se contente plus du fondu artificiel que donnent ces sortes d’instruments, mais ils ne sont pas toujours faciles à trouver, ces effets; il faut savoir les prévoir, les épier, les surprendre et il y a beaucoup de pays qui ne les connaissent pas.
« Peut-être allez-vous m’objecter; mais l’anachromat ne vous interdit pas de photographier votre vrai brouillard et votre vraie rosée ? C’est exact, mais quand il fait du vrai beau temps, je tiens à rater le moins de plaques possible et, pour cela, je veux avoir l’appareil le plus léger, le plus pratique, le plus rapide….. j’allais dire, au risque de vous scandaliser, le plus automatique possible !


« J’emploie donc un appareil 9X12 avec objectif anastigmat de grande ouverture. Bien plus de sujets me sont accessibles avec un tel instrument qu’avec un anachromatique; avec celui-ci il faut travailler à petite ouverture et avoir le temps et la réflexion; or, quand arrive le bon moment, on n’a ni l’un, ni l’autre. C’est en courant qu’on doit souvent faire celte chasse aux grands effets; on n’a pas trop de toutes ses facultés et de toute sa présence d’esprit quand l’attelage arrive enfin à l’endroit voulu et qu’il faut décider à une demi-seconde près le moment propice pour opérer. Il faut observer le conducteur, ses pieds, ses bras, son fouet, les pieds des chevaux, leur baleine, leur transpiration même, la poussière qu’ils soulèvent et qui ne doit pas être trop épaisse (rien de plus difficile que la poussière!) tout cela dépasse la puissance d’observation d’une télé ordinaire — de la mienne, en tout cas — car il faut tout voir au même instant. Je sais bien que mon anastigmat me donnera le plus souvent un cliché trop fin: mais rentre chez moi, j’aurai le temps d’y remédier: je passerai s’il le faut des journées à essayer des papiers plus ou moins grenus ou des mises au point imparfaites dans l’agrandissement. Mais l’essentiel c’est d’avoir ce cliché, c’est d’avoir fixé à tout jamais ce moment d’inoubliable splendeur! Je réserve donc les anachromats pour travailler chez moi à tête reposée et, soit dit en passant, il m’a suffi de faire un seul portrait anachromatique pour ne plus vouloir en faire d’autres.

« Il y a, je le reconnais, de graves inconvénients à ma méthode de travail. Pendant que d’autres forgent leur tableau quand il leur plait, le font plier à leurs idées et aux exigences de leur démonstration, moi, au contraire, j’attends patiemment qu’il se produise; pendant qu’ils commandent en maîtres à la nature, je n’en suis guère, moi, que l’humble serviteur; il y a une raison à cela. Dans un sujet, je m’attache moins à la réalité qu’à la surface, à l’habillement, si vous voulez; il me faut du brillant, du tape-à-1’œil; chez moi la composition ne vient qu’en second lieu, ce que je cherche avant tout, c’est la lumière, c’est l’effet! Pour travailler dans de telles conditions, il faut beaucoup de loisir, une forte dose de patience et savoir se résigner à produire quelques tableaux seulement dans une année; car il y a bien peu de cas où on puisse compter sur la bienveillance de la nature quand on lui demande de faire à elle seule toute la besogne, Cette habitude vous expliquera pourquoi, après avoir fait de la photographie pendant quinze ans, je pourrais tout au plus réunir une centaine d’épreuves, auxquelles je trouve un peu d’intérèt.


« J’ai aussi beaucoup de plaisir a travailler les effets de poussière et les effets de pluie ; ce sont encore deux moyens pour remplacer le brouillard. Pour être complet je dois ajouter que je me passionne également pour les nuages. J’en possède une respectable collection et j’en ai de si beaux que je fais parfois 1’inverse de ce que font les autres. Au lieu de dire: voici un bon cliché de paysage, il faudrait le compléter par un beau ciel, je me dis: voici un beau ciel, essayons de lui trouver un paysage. c’est ainsi qu’a eté fait le tableau des « Nuées ». J’avais depuis longtemps ce ciel caractéristique; pour l’utiliser, je voulais faire un cliché donnant la sensation d’un coup de vent. Le hasard me le fit rencontrer et j’ai obtenu du premier coup l’effet rêvé: c’était de la chance ! Comme vous voyez, j’ai ma façon à moi de truquer; je me garde en général de toucher à la délicatesse de mes clichés, je les marie seulement, le difficile est d’obtenir que les mariages soient bien assortis !



« Mon pays n’est pas bien séduisant pour un paysagiste, mais je tâche de m’en contenter. Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a et, puisque nous sommes destinés à vivre ensemble, je m’efforce défaire avec lui le meilleur ménage possible. Evidemment, je ne puis tirer parti de mon voisinage immédiat, les sujets industriels n’ayant jamais eu d’attrait pour moi, mais à quelques kilomètres de Gilly commence une région plutôt agricole qui s’appelle « l’Entre Sambre et Meuse »; elle a suffi pendant de nombreuses années à alimenter mon activité photographique. Cette contrée est assez riche et bien cultivée; elle est sillonnée de nombreux petits vallons boisés où coulent entre des rochers calcaires de paisibles ruisseaux: la Molignée, l’Eau d’Heure, le Burnot, le Ruisseau d’Acoz. Certains endroits sont charmants, mais tout ce pays manque de caractère; c’est en somme très banal. Heureusement, il ne faut pas s’exagérer outre mesure l’importance du paysage en lui-même; il est bien autrement important de bien choisir son temps….. »




Een boeiende masterproef van Ilke Cop: ‘Approproation’ en invloed van de artistieke traditie in de Belgische fotografie, een analytisch onderzoek toegepast op het oeuvre van Léonard Misonne, Filip Tas en Dirk Braeckman.’
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